Parce qu'on connaît encore peu les mécanismes en cause dans la fibromyalgie, les traitements médicaux offerts aux malades reposent davantage sur l'expérience clinique que sur le blocage des mécanismes en cause dans la douleur.
Des traitements conçus pour soigner d'autres maladies, comme la dépression et l'épilepsie sont de plus en plus utilisés, après avoir montré leur efficacité dans divers essais cliniques sur la fibromyalgie.
Cependant, les médicaments à eux seuls ne permettent pas d’améliorer suffisamment la qualité de vie des personnes atteintes de fibromyalgie.
La prise en charge doit donc être multidisciplinaire.
Les approches complémentaires, permettant notamment de se relaxer et d’apprendre à gérer sa douleur, restent probablement à l’heure actuelle les méthodes les plus efficaces pour mieux vivre avec la fibromyalgie.
En cas de fortes douleurs, les bains en eau chaude, avec ou sans exercices musculaires, peuvent aussi apporter un soulagement rapide.
* Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),
par exemple l'ibuprofène (comme Advil® ou Motrin®), le naproxène et l'acétaminophène (Tylenol®) permettent parfois d'atténuer les douleurs et les raideurs musculaires.
Leur efficacité varie d'une personne à l'autre.
Ils sont surtout utiles lorsque la fibromyalgie apparaît chez une personne atteinte d’une maladie inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde.
Dans les cas de fibromyalgie « simple », ils sont rarement recommandés.
Attention. À long terme, l'usage de médicaments de type AINS peut causer des effets indésirables sérieux : douleurs et saignements à l'estomac, ulcères d’estomac, dommages aux reins et hypertension.
* Les antalgiques ou antidouleur puissants, comme la morphine, permettent d’atténuer la douleur, mais ne peuvent évidemment pas être utilisés de façon prolongée.
Le tramadol (Ralivia®, Zytram®), de la famille des opiacés (comme la morphine), s’est toutefois montré efficace dans plusieurs essais récents menés chez des patients fibromyalgiques.
Il est recommandé pour le traitement de la fibromyalgie par de nombreux experts, seul ou en association avec l’acétaminophène.
Ce médicament ne devrait toutefois être utilisé qu’en dernier recours, lorsque les autres traitements se sont avérés inefficaces.
Son emploi doit se faire sous surveillance étroite du médecin en raison du risque de dépendance.
Attention à l’abus de médicaments antidouleur.
Les antalgiques sont très largement utilisés par les personnes atteintes de fibromyalgie.
Ils sont souvent peu efficaces, ce qui amène les patients à les utiliser de façon inadaptée, à de fortes doses et en associant différents médicaments. Soyez prudents!
Les antalgiques et les anti-inflammatoires ont des effets secondaires potentiellement dangereux, surtout à long terme.
Toujours demander conseil à son médecin ou à son pharmacien avant d’utiliser un médicament.
*Les antidépresseurs, comme les tricycliques ou les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, prescrits à faible dose, sont les traitements les plus utilisés contre la fibromyalgie.
Ils ont un effet sur de nombreuses douleurs chroniques, dont les douleurs de la fibromyalgie, et sont donc fréquemment utilisés même en l’absence de dépression.
En outre, ils augmentent la quantité de sérotonine dans le cerveau.
Or, de faibles taux de sérotonine seraient liés non seulement à la dépression, mais aussi aux migraines, aux maux digestifs et à l'anxiété, qui font partie des symptômes de la fibromyalgie.
*L’amitryptiline (Élavil®) est utilisé chez les personnes fibromyalgiques comme antidouleur et pour ses effets sur les troubles du sommeil et la fatigue.
C’est le traitement le plus souvent utilisé, en première intervention.
La duloxétine (Cymbalta®) peut aussi être utilisée, tout comme la fluoxétine (Prozac®) ou le moclobémide, qu’on ajoutera souvent comme traitement additionnel.
Enfin, un autre antidépresseur, le milnacipran, a montré des résultats prometteurs contre la fibromyalgie et est en cours d’évaluation au Canada.
Il semble que les antidépresseurs à faibles dose constituent le meilleur traitement à long terme contre les douleurs musculaires de la fibromyalgie.
Toutefois, tous n'y trouvent pas un soulagement.
*Les anticonvulsivants ou antiépileptiques - d’abord conçus pour traiter l’épilepsie – sont également efficaces contre les douleurs chroniques.
Mentionnons la gabapentine (Neurontin®), la prégabaline (Lyrica®) et le topiramate (Topamax®).
Certains de ces anticonvulsivants améliorent la qualité du sommeil (surtout la gabapentine, et moindrement la prégabaline). Le Lyrica® a même obtenu, en 2009 au Canada, une indication pour le traitement des douleurs associées à la fibromyalgie.
* Des sédatifs sont parfois prescrits pour faciliter le sommeil, mais leur usage à long terme n'est généralement pas recommandé par les médecins (par exemple, l’Imovane®).
En outre, la plupart des médicaments cités ci-dessus ont aussi un effet sédatif.
*Des relaxants musculaires peuvent aussi aider à soulager la douleur.
Le seul relaxant musculaire efficace pour la fibromyalgie est le Flexeril®, dont l’action est proche de celle de l’amitriptyline.
À noter. Les corticostéroïdes (comme la prednisone) n'ont démontré aucune efficacité pour traiter la fibromyalgie.
L'exercice physique fait partie intégrante du traitement de base.
Il conduit l’organisme à produire des endorphines, des hormones qui procurent un bien-être et qui calment la douleur.
Plusieurs synthèses d’études, ont conclu que la pratique d'exercices aérobiques supervisés réduit les symptômes de la fibromyalgie et améliore le sommeil et les capacités physiques.
Les exercices d'étirement et de renforcement amélioreraient aussi certains symptômes, mais les preuves à cet effet sont moins nombreuses.
On ne doit pas craindre d’aggraver sa maladie en faisant de l’exercice, puisque la fibromyalgie n’est pas un problème d’origine musculaire.
D’ailleurs, il est connu qu’une mauvaise condition physique contribue à générer fatigue et anxiété.
Il est toutefois important de commencer progressivement, avec un programme adapté à sa condition physique.
Les exercices d’aérobie pratiqués en piscine, préférablement en eau chaude, peuvent être un bon point de départ pour se remettre en action.
Selon 2 essais cliniques parus en 2006, les exercices d’aquaforme (marcher ou courir dans l’eau, par exemple) sont efficaces pour soulager la douleur causée par la fibromyalgie et améliorer le sentiment de bien-être.
Ils doivent être adaptés aux capacités de la personne atteinte, et leur intensité doit être augmentée de façon graduelle.
Voici quelques conseils afin de soulager les symptômes :
- Limiter les périodes de stress, puisque les symptômes s'accentuent avec le stress.
- Avoir un sommeil régulier.
- Faire des étirements et des exercices aérobiques.
- Appliquer des compresses chaudes sur les points douloureux.
- Pratiquer de légers massages.
La psychothérapie peut apporter des bienfaits significatifs aux personnes atteintes de fibromyalgie.
La thérapie cognitivo-comportementale est particulièrement efficace.
Selon un article rassemblant les résultats de 49 études, le traitement optimal de la fibromyalgie intègre des traitements non pharmacologiques (en particulier l'exercice physique et la thérapie cognitivo-comportementale) à la médication usuelle, qui aide à mieux dormir et à soulager la douleur.
De plus en plus, certaines de ces approches sont enseignées dans les écoles de réadaptation destinées aux personnes atteintes de fibromyalgie.
D’après une méta-analyse publiée en 2010, la thérapie cognitivo-comportementale est l’approche psychologique la plus efficace pour réduire la douleur.
Les techniques de relaxation et le biofeedback sont, quant à elles, particulièrement efficaces contre les troubles du sommeil associés à la maladie.
Parmi les traitements complémentaires, les approches corps-esprit (comme le biofeedback, l'hypnothérapie, la relaxation avec imagerie mentale, etc.) sont les plus utilisées par les personnes qui souffrent de fibromyalgie - davantage que l'acupuncture et les thérapies de manipulation, comme la massothérapie et la chiropratique.
Selon les tenants de ces approches, le corps et l'esprit sont deux aspects indissociables d'une seule et même réalité, plutôt que des éléments distincts reliés entre eux.
Selon les résultats d'une méta-analyse portant sur 802 personnes atteintes de fibromyalgie, les approches corps-esprit permettent d'apprendre à mieux vivre avec la maladie, malgré son impact.
Cet aspect n'est pas à négliger puisque la manière d'envisager l'avenir aurait des conséquences directes sur la perception de la douleur et l'implication dans la stratégie thérapeutique.
* Thérapie cognitivo-comportementale: C’est la thérapie non médicamenteuse, avec l’aérobie, la plus recommandée par les différentes lignes directrices sur la fibromyalgie.
Cette psychothérapie individuelle vise à aider les personnes à mieux connaître et comprendre leur maladie, et à mieux gérer leurs états d’anxiété, leurs émotions et leurs douleurs.
Un des buts recherchés est de remplacer les pensées et les perceptions négatives, qui peuvent aggraver les symptômes, par d'autres plus positives.
Cela peut demander certains changements dans la vie quotidienne.
En 2010, une méta-analyse regroupant 14 essais et plus de 900 personnes atteintes de fibromyalgie a confirmé l’utilité de la thérapie cognitive et comportementale pour améliorer la gestion de la douleur et réduire les troubles dépressifs.
* Biofeedback: L'objectif du biofeedback est d'apprendre à contrôler une tension musculaire ou une fréquence respiratoire à l’aide d’appareils qui rendent visibles ces paramètres physiologiques.
Une revue de la littérature scientifique mentionne que le biofeedback peut amener des résultats positifs en cas de fibromyalgie.
Plusieurs essais font état d’une augmentation de l’activité physique, d’une certaine réduction de la raideur matinale, d’une diminution du nombre de points sensibles associés à la fibromyalgie et de certains autres symptômes, comme la douleur et la détresse psychologique.
* Hypnothérapie:
Dans une étude contrôlée l'efficacité de l'hypnothérapie a été comparée à celle de massages, auxquels était combiné l’apprentissage d’une technique de relaxation musculaire, chez 40 personnes dont la fibromyalgie avait résisté au traitement médical.
Les personnes du groupe traité par hypnothérapie ont vu leur état général s'améliorer beaucoup plus que celles de l’autre groupe, particulièrement en ce qui concerne la fatigue matinale, les douleurs musculaires et la qualité du sommeil.
L’hypnothérapie semble encore plus efficace lorsqu’elle est associée à une psychothérapie cognitivo-comportementale.
*Techniques de relaxation: Plusieurs essais cliniques ont montré l’efficacité de la relaxation pour atténuer la douleur liée à la fibromyalgie.
Les techniques efficaces comprennent entre autres la méditation de pleine conscience, le training autogène, la visualisation et l’imagerie mentale, ainsi que la relaxation musculaire progressive qui permet de relâcher les muscles de tout le corps et de prévenir les tensions musculaires.
Une revue récente analysant 10 études montre l’intérêt de la balnéothérapie (spa) chez les personnes atteintes de fibromylagie et efficace pour réduire la douleur diffuse et le nombre de points douloureux.
* 5-HTP (5-hydroxytryptophane) :Le 5-HTP est un précurseur de la sérotonine dans le cerveau.
Il est surtout utilisé pour traiter la dépression, mais il pourrait également soulager les personnes atteintes de fibromyalgie, comme l'ont suggéré plusieurs études.En 1998, une synthèse d’études a souligné le lien entre des faibles taux de sérotonine et la fibromyalgie, ce qui pourrait expliquer l’action bénéfique du 5-HTP.
Celle-ci n’a toutefois pas été confirmée depuis.
Dosage
Un total de 300 mg par jour, à prendre en 3 doses de 100 mg.
Attention : L'utilisation du 5-HTP en automédication est controversée. * Technique d’intervention par résonance sonore :
Cette technique, aussi appelée méthode Psycho Physio, consiste à employer une stimulation vibro-acoustique pour stimuler le rappel de souvenirs possiblement liés à des traumatismes psychologiques.
Ces traumatismes passés pourraient avoir créé des empreintes neurologiques et comportementales à l’origine de la fibromyalgie.
La stimulation sensorielle s’accompagne d’un suivi de nature psychothérapeutique.
Une étude préliminaire indique que cette technique permet d’améliorer les symptômes dans 90 % des cas.
Ce traitement est assez onéreux.
Des essais cliniques publiés avant l’an 2000 laissent penser que l’acupuncture peut soulager les symptômes de fibromyalgie.
Cependant, leur qualité méthodologique laisse à désirer.
Entre 2005 et 2006, 5 nouveaux essais ont été réalisés, donnant des résultats contradictoires (3 études positives et 2 négatives).
Parmi ces études, les 2 qui possèdent la meilleure méthodologie montrent une efficacité de l’acupuncture avec un suivi à 6 mois.
D’autres essais seraient toutefois nécessaires pour conclure à une réelle efficacité contre la fibromyalgie.
Des crèmes, lotions ou onguents contenant de la capsaïcine, le composé actif du cayenne, se sont avérés efficaces pour soulager les douleurs rhumatismales.
Par ailleurs, la Commission E reconnaît l'usage externe du cayenne pour soulager les douleurs musculaires logées aux épaules, aux bras et à la colonne vertébrale.
L'effet des préparations à base de capsaïcine chez les personnes atteintes de fibromyalgie n'est pas encore bien connu et les preuves de son efficacité restent insuffisantes.
Une étude préliminaire regroupant 45 sujets âgés de 18 ans à 70 ans a toutefois démontré que l'application d'une crème (concentrée à 0,025 % en capsaïcine), 4 fois par jour, soulageait les tensions musculaires plus efficacement qu'un placebo.
La capsaïcine exercerait son effet antidouleur en épuisant les réserves de substance P.
Plusieurs études menées auprès d’un petit nombre de patients ont évalué l’effet de la chiropratique sur la fibromyalgie.
Dans l’une d’elles, menée en 2000, une réduction de l'intensité de la douleur et une amélioration de la qualité du sommeil et du degré de fatigue ont été observées à la suite de 30 séances de chiropratique.
Cependant, d’autres essais n’ont trouvé aucun bénéfice.
Une méta-analyse conduite en 2009 a déploré la mauvaise qualité des études et a estimé les preuves insuffisantes pour conclure à une quelconque efficacité de la chiropratique sur les douleurs fibromyalgiques.
Bien que de nombreuses personnes atteintes de fibromyalgie aient recours à la massothérapie, très peu d’études ont été réalisées afin d’en évaluer les effets.
Selon une revue des essais cliniques aléatoires parue en 2003, un massage peut être très douloureux pour une personne fibromyalgique, mais pourrait réduire la douleur à moyen terme.
Une synthèse d’études publiée en 2010 souligne la piètre qualité méthodologique des études et précise que les preuves scientifiques sur l’efficacité des messages sur les douleurs liées à la fibromyalgie restent insuffisantes.
Les auteurs soulignent que les massages ne devraient pas être douloureux.
Principalement utilisée pour le traitement de la dépression et de l'arthrose, la SAM-e pourrait être bénéfique en cas de fibromyalgie.
Au cours de 4 essais évaluant l’efficacité de la SAM-e administrée par injection intraveineuse plutôt que par voie orale, le produit a entraîné une réduction des symptômes supérieure à celle du placebo dans 3 des 4 essais.
Cependant, la qualité de ces essais est critiquable et il n’existe pas de preuves convaincantes pour recommander ce "traitement".
En 2010, une étude menée auprès de 66 personnes atteintes de fibromyalgie a montré que le tai-chi permettrait une meilleure gestion des symptômes et augmenterait la qualité de vie.
L’essai aléatoire a été conduit sur 12 semaines.