Les troubles du comportement alimentaire

la boulimie/

La boulimie


Définition

""La nécessité d'exercer un contrôle sur soi, de se soumettre aux lois morales.
C'est l'achèvement de l'équilibre." Yolande Chéné

La boulimie est un trouble complexe, multi-factoriel qui se caractérise concrètement par des crises compulsives ou la prise alimentaire prend des proportions incontrôlables.

  • 70% des boulimiques sont des jeunes filles ou des femmes.
  • 10% des femmes sont touchées à un moment ou un autre par des périodes alimentaires compulsives.
  • 70% des boulimiques ont un poids normal
  • 20 % des boulimiques souffrent d’une autre dépendance.

Qui sont les boulimiques ?

La boulimie La boulimie est un trouble du comportement alimentaire fréquent.
Elle se traduit par des accès de consommation de nourriture excessifs, en l'absence de sensation de faim ou de plaisir.
Ces accès peuvent survenir plusieurs fois par jour.
Une personne est considérée comme réellement boulimique si elle présente en moyenne deux crises par semaine pendant trois mois minimum.
Cette maladie touche majoritairement les adolescentes et les jeunes femmes.
3 collégiennes et lycéennes sur 10 sont susceptibles de présenter des phases transitoires de boulimie.
Ce trouble alimentaire est lié à une réelle crise compulsive ainsi qu’à une perte de contrôle de l’esprit sur le corps, c’est pourquoi des activités quotidiennes comme prendre ses repas en société peuvent relever d’un véritable défi pour les personnes boulimiques.

Les symptômes de la boulimie sont les suivants :

  • Phases de suralimentation durant lesquelles la personne va manger jusqu'à atteindre le point de l'inconfort ou de la douleur.
    La prise alimentaire sera largement supérieure à celle prise au cours d'un repas normal ou d'une collation ;
  • Phases de jeûne pensant qu'elles pourront rétablir la prise de poids ;
  • Vomissements provoqués après avoir mangé ;
  • Prise de diurétiques, de laxatifs ou lavements ;
  • Pratique sportive intensive ;
  • Isolement ;
  • Sautes d’humeur, irritabilité, tristesse, culpabilité, honte ;
  • Préoccupations anormales portant sur la forme du corps et le poids aboutissant à une vision déformée négative de l'image du corps.

Personnes à risque

La boulimie débuterait vers la fin de l'adolescence.
Elle affecterait plus fréquemment les filles que les garçons (1 garçon atteint pour 19 filles).
La boulimie comme les autres troubles des conduites alimentaires touche davantage les populations des pays industrialisés.
Enfin, certaines professions (athlète, acteur, mannequin, danseur) pour lesquelles il est important d'avoir une certaine maîtrise de son poids et de son image corporelle, compteraient plus de personnes souffrant de troubles des conduites alimentaires que d'autres corps de métier.

Facteurs de risque

La boulimie débuterait 5 fois sur 10 au cours d'un régime amaigrissant.
Pour 3 personnes sur 10, la boulimie a été précédée par une anorexie mentale.
Enfin, 2 fois sur 10, c’est une dépression qui a inauguré la survenue de la boulimie.

Déroulement d’une crise

La pré-crise
Le perfectionnisme qui guide la personne boulimique crée des tensions intérieures ainsi qu’un sentiment de manque, d’anxiété et d’irritabilité.

La crise
Une perte de contrôle et le besoin d’assouvir une pulsion peut alors envahir la personne boulimique.
Le début de la crise correspond au moment où la volonté cède à cette pulsion qui devient insoutenable et où la personne boulimique va essayer de compenser ce qui est le plus souvent ressenti comme un vide intérieur.
Pour se faire, elle va ingérer une quantité importante de nourriture en très peu de temps, au détriment de la notion de plaisir.
Les aliments sont choisis et sont de préférence sucrés et riches en calories.
Un sentiment de culpabilité va surpasser la satisfaction de voir la pulsion assouvie et va entraîner la phase de vomissement.
Il s’agit d’une réelle purge, censée amener un certain soulagement.
Dans certains cas, les vomissements peuvent également s’accompagner de prise de laxatifs, de diurétiques ou même des lavements.


L’après crise
La honte et la culpabilité font ensuite place à un sentiment de dégoût, qui va entraîner une volonté de reprendre le contrôle sur soi et ne plus recommencer.
Mais ces crises font partie d’un cercle vicieux dont il est difficile de sortir uniquement grâce à la volonté, car, plus qu’une simple habitude, les crises de boulimie font partie d’un rituel.

Quelles sont les causes de la boulimie ?

La boulimie est un trouble du comportement alimentaire mis en évidence depuis les années 70.
Depuis, de nombreuses études sont menées sur la boulimie.
Les chercheurs s’entendent pour dire que de nombreux facteurs seraient à l'origine de la boulimie notamment des facteurs génétiques, neuroendocriniens, psychologiques, familiaux et sociaux.

Des facteurs endocriniens tels qu'un déficit hormonal semblent être en jeu dans cette maladie.
La baisse d'une hormone (LH-RH) impliquée dans la régulation de la fonction ovarienne est mise en avant.
Toutefois, ce déficit s'observe lorsqu'il y a une perte de poids et les observations retrouvent un taux de LH-RH normal avec la reprise de poids.
Ce trouble semblerait donc être une conséquence de la boulimie plutôt qu'une cause.

Au niveau neurologique, de nombreuses recherches mettent en lien un dysfonctionnement sérotoninergique avec un trouble de la sensation de satiété souvent observé chez les boulimiques.
La sérotonine est une substance qui assure le passage du message nerveux entre les neurones (au niveau des synapses).
Elle est notamment impliquée dans la stimulation du centre de la satiété (zone du cerveau qui régule l'appétit).
Pour de nombreuses raisons encore méconnues, on observe une diminution de la quantité de sérotonine chez les personnes boulimiques et une tendance à l'augmentation de ce neurotransmetteur après la guérison.

Sur le plan psychologique, de nombreuses études ont fait le lien entre l'apparition de la boulimie avec la présence d'une faible estime de soi basée en grande partie sur l'image corporelle.
Les hypothèses et les études analytiques retrouvent certaines constantes dans la personnalité et les sentiments éprouvés par les adolescentes boulimiques.
La boulimie touche souvent de jeunes personnes qui rencontrent des difficultés pour exprimer ce qu'elles ressentent et qui ont même souvent du mal à cerner leurs propres sensations corporelles (sensations de faim et de satiété).
Les écrits psychanalytiques évoquent souvent un rejet du corps comme objet sexuel.
Ces adolescentes souhaiteraient inconsciemment rester des petites filles.
Les troubles engendrés par les troubles des conduites alimentaires mettent à mal le corps qui « régresse » (absence des menstruations, perte des formes avec la baisse de poids, etc...).
Enfin, des études menées sur la personnalité des personnes touchées par la boulimie, retrouvent certains traits de personnalité communs tels que : le conformisme, le manque d'initiatives, le manque de spontanéité, une inhibition du comportement et des émotions, etc...

Au niveau cognitif, les études mettent en avant des pensées automatiques négatives conduisant à de fausses croyances souvent présentes chez les boulimiques telles que « la minceur est un gage de bonheur » ou « toute prise de graisse est mauvaise ».

Enfin, la boulimie est une pathologie qui touche davantage la population des pays industrialisés.
Les facteurs socioculturels jouent donc une place importante dans le développement de la boulimie.
Les images de « la femme parfaite » qui travaille, élève ses enfants et contrôle son poids y sont largement véhiculées par les médias.
Ces représentations peuvent être prises avec de la distance par des adultes bien dans leur peau mais elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur des adolescents en manque de repères.

Prévention

Bien qu'il n'y ait pas de moyen sûr pour prévenir l'apparition de ce trouble, il peut y avoir des façons de détecter plus tôt sa survenue et de contenir son évolution.
Par exemple, le pédiatre et/ou le médecin généraliste peut occuper une place importante pour identifier des indicateurs précoces pouvant faire penser à un trouble de l'alimentation.
Au cours d'une visite médicale, n'hésitez pas à lui faire part de vos inquiétudes concernant le comportement alimentaire de votre enfant ou adolescent.
Ainsi averti, il pourra lui poser des questions sur ses habitudes alimentaires et la satisfaction ou non qu'il ressent au sujet de son apparence corporelle.
En outre, les parents peuvent cultiver et renforcer une image corporelle saine de leurs enfants, peu importe leur taille, leurs formes et leur apparence.
Il est important de veiller à éviter toutes plaisanteries négatives à ce sujet.
Il est difficile de sortir de la boulimie sans accompagnement.
La prescription de médicaments et la proposition d'entreprendre une psychothérapie peuvent alors être envisagées pour soigner la boulimie.
Parfois une hospitalisation spécialisée peut s'avérer nécessaire.

Prise en charge médicamenteuse

Des médicaments pourront être prescrits afin de réduire les symptômes de la boulimie (baisse du nombre de crises) mais aussi pour traiter les troubles associées tels que l'anxiété et la dépression.
Enfin, après une évaluation médicale portant sur les conséquences physiologiques des conduites de purges (troubles digestifs, rénaux, cardiaques, endocriniens, etc...) le médecin pourra prescrire des examens (analyses sanguines) et des médicaments pour traiter ces troubles.
Les antidépresseurs peuvent aider à réduire les symptômes de la boulimie.
La Food and Drug Administration recommande la prescription préférentielle de la fluoxétine (Prozac) dans le cadre de la boulimie.
Cet antidépresseur fait partie de la classe d'antidépresseurs dont le fonctionnement est d'inhiber la recapture de la sérotonine (ISRS).
Ce médicament agit en augmentant la quantité du neurotransmetteur qu'est la sérotonine dans les synapses (jonction entre deux neurones).
La présence accrue de sérotonine facilite le passage de l'information nerveuse.
Toutefois, selon les troubles présentés par son patient (autres troubles psychopathologiques associés), le médecin peut prescrire d'autres antidépresseurs ou médicaments (notamment certains anxiolytiques) pour traiter la boulimie.

Accompagnement psychothérapique

Les psychothérapies sont proposées pour la plupart, de manière individuelle ou en groupe, mais ont toutes pour objectifs : d’améliorer la perception et l'estime de soi de la personne boulimique et de travailler sur certains conflits.
Les thérapies comportementales et cognitives (TCC)

Elles sont très efficaces pour traiter les symptômes de la boulimie puisqu’il s’agit d'amener le patient à observer ses comportements pathologiques (ici, il s'agira des crises mais aussi des comportements de purge) puis à les modifier.
Le but des TCC n'est pas de trouver les causes ou l'origine du trouble mais bien d'agir sur celui-ci.
Le psychothérapeute intervient sur les processus mentaux (schémas de pensée) et les émotions qui régulent les comportements du patient et l'incitent à réévaluer les choix qui l’ont incité à céder à une crise.
Le patient est très actif dans les TCC, il va devoir remplir de nombreuses grilles et questionnaires.
Dans le cadre de la boulimie, en général une vingtaine de séances est nécessaire afin de questionner et modifier les pensées dysfonctionnelles du patient en lien avec l'alimentation, le poids et l'image corporelle, l'estime de soi, etc...

* La thérapie systémique familiale
Cette thérapie est dite « systémique » parce qu’elle considère le groupe famille comme un système et un ensemble d’éléments interdépendants.
En l’occurrence, la famille ne serait pas constituée d’éléments indépendants (parents/enfants), mais d'entités qui influent les unes sur les autres.
La thérapie systémique familiale étudie les modes de communication et les différentes interactions au sein de la famille pour tenter par la suite d’en améliorer les rapports internes.
Lorsqu'un membre d'une famille est touché par une maladie comme la boulimie, les autres membres vont être affectés.
Par exemple, les moments des repas peuvent être particulièrement compliqués à gérer pour la famille.
Les actes et paroles des uns et des autres peuvent être aidants ou au contraire néfastes pour le malade.
Il ne s'agit pas de culpabiliser les uns et les autres, ni de les rendre coupables de la boulimie mais de prendre en considération leurs souffrances et de faire avancer chacun dans le bon sens pour eux mais aussi pour le malade.

* La psychothérapie psychodynamique
Cette psychothérapie s'inspire de la psychanalyse.
Elle est largement utilisée afin d'accompagner le patient dans la recherche des conflits (personnels, interpersonnels, conscients et inconscients, etc...) pouvant être à l'origine de l'apparition des troubles alimentaires.

* La psychothérapie interpersonnelle
Cette thérapie courte, surtout utilisée pour traiter la dépression, a fait ses preuves pour accompagner les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire.
Durant la psychothérapie interpersonnelle, le sujet ne sera pas l'alimentation mais les difficultés interpersonnelles actuelles du patient qui ont forcément des conséquences sur son comportement alimentaire.

* La thérapie nutritionnelle
Cette thérapie psycho-éducative est très importante et efficace en complément d’une psychothérapie.
En effet, les bénéfices qu’elle peut apporter ne durent pas si elle est effectuée seule, la boulimie n'est bien souvent qu'un symptôme qui reflète un mal plus profond.
Elle est utilisée auprès des personnes qui souffrent également d'autres troubles des conduites alimentaires.
La thérapie nutritionnelle va permettre au patient à réapprendre à manger :

  • Reprendre une alimentation équilibrée,
  • appréhender les aliments tabous (notamment sucrés, qui permettaient de provoquer les vomissements),
  • manger à nouveau des sucres lents pour éviter les crises,
  • se réhabituer aux repas assis à table,
  • faire 4 par jour, en quantités raisonnables.

Des informations en rapport avec le poids et l'alimentation seront apportées et expliquées comme par exemple la théorie du poids naturel.
Avec cette thérapie, on essaye de modifier le rapport que le patient a avec l'alimentation.
Enfin, cette méthode s’intéresse également aux comportements compensatoires de purge qu'avait pour habitude d'utiliser le patient.
Elle vise donc également à lui permettre de perdre l’habitude d’utiliser des méthodes comme les laxatifs si tel était le cas en lui apportant des informations théoriques qui lui expliqueront l'inefficacité de tels comportements.

L'hospitalisation
Parfois, une hospitalisation spécialisée peut s'avérer nécessaire pour augmenter les chances de guérison du patient, après l'échec du traitement en ambulatoire et lorsque des problèmes de santé importants sont décelés.
Selon les établissements, il peut être proposé une hospitalisation classique spécialisée ou une hospitalisation en hôpital de jour.
Pour cette dernière, la personne se rendra à l'hôpital chaque jour de la semaine pour y recevoir des soins et retournera à son domicile le soir.
Dans un service spécialisé dans la prise en charge des troubles du comportement alimentaire, le patient reçoit des soins prodigués par une équipe pluridisciplinaire (médecin, nutritionniste, psychologue, etc...).
Le traitement comprend bien souvent, une rééducation nutritionnelle, un accompagnement psycho-éducatif et un suivi en psychothérapie.

Contacts et sites utiles

Pour soutenir les personnes boulimiques, aider les parents, de nombreuses associations proposent des conseils et des services répondant aux attentes des malades.
Vous trouverez ci-dessous des adresses, des sites et des numéros de téléphone indispensables.

Pour accéder à la liste des contacts, cliquez ici
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