Les troubles du comportement alimentaire
Notre comportement alimentaire est influencé à la fois par nos instincts et nos habitudes.
La recherche du plaisir tient également une place importante.
Il arrive à tout le monde de faire des excès, dans un sens comme dans l'autre.
Mais parfois cela se transforme en véritable problème de santé.
Chez l'homme le comportement alimentaire est commandé par le mécanisme de faim-satiété et la prise des repas à des horaires précis.
La sensation de faim, signal du besoin alimentaire correspondant à une baisse de la glycémie, se transforme au cours du repas en satiété, sensation de plénitude nutritionnelle qui signale la fin du repas.
En cherchant à assurer la couverture des besoins nutritionnels nécessaires à la vie, le comportement alimentaire est en partie instinctif.
Mais il est aussi conditionné par la recherche de plaisir qui dépend de nombreux facteurs d'ordre psychologiques et socioculturels.
Il arrive à tout le monde de faire des excès alimentaires par gourmandise ou de calmer son stress en grignotant des sucreries de façon impulsive et passagère.
Mais, parfois, le comportement alimentaire se dérègle de façon anormale et devient dangereux pour la santé.
Les deux aspects de ces troubles pathologiques du comportement alimentaire sont l'anorexie mentale (anorexia nervosa) et la boulimie (bulimia nervosa).
Ces termes, qui devraient se rapporter à de véritables maladies, sont souvent abusivement employés et à mauvais escient dans le langage quotidien.
L'hyperphagie est également un trouble du comportement alimentaire.
L’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont des syndromes qui présentent de multiples symptômes caractérisés par des attitudes et des comportements mal adaptés face à la nourriture, le poids et l’image corporelle.
Ils impliquent aussi des perturbations au niveau de l’image de soi, de l’humeur, du contrôle des impulsions et des relations interpersonnels.
Les troubles de l'alimentation coexistent souvent avec d'autres problèmes potentiellement graves comme la dépression, l’anxiété, l’abus d'alcool ou de drogue.
Ils vont bien au-delà de la simple «diète hors de contrôle» et doivent être traités pour éviter des conséquences sérieuses aux niveaux physique, psychologique et social.
Certaines personnes peuvent montrer des signes de plus d'un trouble de l'alimentation à la fois.
Le résultat est une restriction alimentaire obstinée et parfois dangereuse.
La personne qui souffre d’anorexie nerveuse s’impose une perte de poids graduelle pouvant parfois mener à l’émaciation (maigreur extrême).
Au cœur des comportements anorexiques, il y a une véritable phobie de prendre du poids, tellement intense qu’elle pousse la personne à éviter les situations ou les comportements qui pourraient amener une prise de poids: manger des aliments inconnus, manger sans faire d’exercice physique...
Par conséquent, la personne perd progressivement du poids. ->> Cliquez ici pour en savoir plus sur l'anorexie.
La personne qui souffre de boulimie compense ses excès en se faisant vomir, en utilisant des laxatifs, en faisant de l’exercice physique intense, en jeûnant ou par d’autres moyens.
Le fait de s’empiffrer peut provoquer un profond sentiment de honte, de l’anxiété ou de la dépression.
Il peut aussi affecter l’estime de soi, le bien-être et la maîtrise de soi autour de la nourriture.
Contrairement aux anorexiques, les boulimiques ont un poids normal ou sont en surpoids voir obèse.
Mais comme les anorexiques, elles sont préoccupées par le poids et la forme de leur corps et ne peuvent s’empêcher de faire des régimes. ->> Cliquez ici pour en savoir plus sur la boulimie.
Mais contrairement à la boulimie, elle n’est pas accompagnée de geste compensatoire comme se faire vomir, faire de l’exercice ou jeûner.
Pour cette raison, les gens qui en souffrent sont souvent obèses.
Les comportements associés à l’hyperphagie boulimique sont :
- manger plus vite que normal;
- manger même quand l’estomac est plein;
- manger même quand on n’a plus faim;
- manger seul pour cacher aux autres la quantité de nourriture absorbée;
- sentir de la détresse (remords, dégoût ou dépression) après avoir mangé;
Personne à risque et facteurs de risque
Les personnes à risques
Les troubles de l'alimentation apparaissent généralement au cours de l'adolescence ou au début de l'âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des sociétés industrialisées.
Toutefois, les troubles de l’alimentation, particulièrement l’anorexie, sont présents dans toutes sortes de cultures, même celles où le culte de la minceur est absent.
L'anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les femmes que les garçons et les hommes.
Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées.
L’hyperphagie boulimique est mieux distribuée parmi les sexes et affecte 2 hommes pour 3 femmes environ.
Elle touche les personnes plus âgées qui sont en moyenne dans la quarantaine.
Les experts s'entendent pour dire qu'il y a de plus en plus de personnes aux prises avec des troubles de l'alimentation.
Si les statistiques permettent de dégager une incidence plus élevée chez les femmes occidentales d'âge scolaire, il est aussi vrai que nul n'est à l'abri des troubles de l’alimentation.
Les troubles de l'alimentation surviennent même dans les pays en voie de développement, bien qu'ils soient plus présents dans les sociétés industrialisées;
Ils touchent de façon égale toutes les classes socio-économiques;
Les différences raciales ou ethniques ont peu d’impact sur la prévalence des troubles de l’alimentation.
Les recherches de Steiger et Bruce, celles de Treasure et celles de Striegler-Moore montrent que les troubles de l’alimentation sont causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux.
Concrètement, les gènes affecteraient l’humeur, le contrôle des comportements, les mécanismes de récompense, le métabolisme et l’appétit.
Les facteurs environnementaux, comme un stress périnatal ou un événement traumatique durant l’enfance auraient aussi un impact.
De même, l’état mental et nutritionnel de la personne ainsi que la pression sociale à faire des régimes joueraient un rôle.
Les facteurs biologiques
Ils incluent entre autres : l'hérédité, les antécédents familiaux de dépression, d'anxiété, de troubles de l'alimentation et les problèmes de poids.
Plusieurs recherches ont permis de démontrer le rôle des facteurs génétiques dans les troubles de l'alimentation.
En effet, ils sont clairement transmis à l'intérieur d'une famille, c'est-à-dire que l'hérédité y joue un rôle.
Or, ces données ne peuvent prouver que le trouble de l'alimentation est transmis automatiquement de mère en fille mais permettent de dire qu'il peut y avoir transmission de traits de tempérament ou d'une vulnérabilité à d'autres perturbations qui augmenteraient le risque de développer un tel trouble.
Certaines anomalies au niveau des neurotransmetteurs régulant l'appétit et l'humeur, auraient une influence sur le développement des troubles alimentaires.
En plus de leurs recherches sur les neurotransmetteurs, les chercheurs du Groupe de recherche sur les troubles de l'alimentation s'intéressent aussi aux facteurs génétiques et à l'activité cérébrale des personnes atteintes de troubles de l'alimentation.
Les facteurs sociaux
On a toujours véhiculé un modèle idéal de beauté mais avec les années, ce modèle est devenu de plus en plus mince, voire maigre.
Les médias contribuent à véhiculer plusieurs clichés et normes qui font pression sur les femmes et les poussent souvent à suivre des régimes draconiens néfastes pour leur santé.
Le culte de la minceur s'inscrit dans une stratégie de mise en marché de plusieurs billions de dollars.
La femme doit paraître soumise : on valorise la femme-objet, fragile et dépendante.
Bref, ces idéaux de minceur sont des outils marketing qui permettent de faire rouler une industrie prolifique.
Les pressions sociales sont davantage liées aux différentes formes de boulimie, plutôt qu'à l'anorexie.
En effet, c'est un trouble qui semble avoir augmenté sensiblement au cours des dernières années et qui serait plus localisé dans les sociétés industrialisées.
L'anorexie en revanche est présente partout, sur tous les continents et depuis très longtemps; on y associe donc moins les facteurs sociaux comme cause.
Les régimes
Les médias diffusent énormément de publicité quant aux fameux régimes miracles et autres diètes infaillibles.
En fait, dans le cas des personnes dont les prédispositions génétiques sont favorables aux troubles de l'alimentation, les régimes agiront souvent en tant que déclencheur du trouble.
Le premier geste à poser est sans doute d'arrêter les régimes.
Les régimes ont aussi un effet physique néfaste : un régime modéré de 3 semaines altère les fonctions cérébrales et réduit les substances qui contrôlent l'humeur, la pensée et la satiété.
L'influence familiale
Le Academy of Eating Disorders (2010) admet que les facteurs familiaux peuvent jouer un rôle dans l'apparition et le maintien d'un trouble de l'alimentation, mais qu'ils ne sont en aucun cas la cause unique ni même principale du développement d'un trouble de l'alimentation.
Les facteurs psychologiques
Les troubles de l’alimentation cohabitent souvent avec des troubles affectifs, des troubles anxieux et des troubles du contrôle des impulsions.
Parfois, les troubles de l’alimentation coexistent aussi avec des problèmes de contrôle du comportement, de l’émotivité négative, de l’autocritique ou du perfectionnisme mésadapté.
Il y a toutefois des différences énormes entre les individus :
- Un tiers environ des personnes qui souffrent d’un trouble de l’alimentation sont franchement « déréglées » : elles sont impulsives et instables émotionnellement,
- Un autre tiers sont « sur-réglées »: elles sont inhibées et en contrôle extrême de leurs émotions,
- Enfin le dernier tiers ne présente aucune psychopathologie
En d’autres termes, les troubles de l’alimentation touchent toutes sortes de personnes.
Ces différences laissent croire que les troubles de l’alimentation résultent de différentes expositions à des risques divers et plus important encore que les traitements doivent être individualisés.
Conséquences psychologiques
- Anxiété;
- Impulsivité;
- Repli sur soi;
- Perturbation du sommeil;
- Pensées obsessionnelles;
- Changements émotionnels;
- Problèmes de concentration;
- Préoccupations alimentaires;
- Humeur dépressive, irritabilité;
- Capacités intellectuelles détériorées.
Conséquences physiques
* Anorexie
- Signes généraux: Amaigrissement, hyperactivité, perte de cheveux.
- Signes cutanés: Lanugo (duvet), acrocyanose (coloration bleue des extrémités), teint carotinémique (teint orangé).
- Autres signes: Changements hormonaux et ostéoporose, dérèglement des électrolytes, ralentissement du rythme des battements cardiaques, arythmie, anémie,Système reproducteur défectueux, arrêt des menstruations, complications obstétriques.
* Boulimie
- Signes oraux: Glandes salivaires enflées, caries dentaires, érosion dentaire, gencives sanglantes.
- Signes cardio-vasculaires: Hypotension, arythmies.
- Signes digestifs: Inflammation de l'oesophage, sang dans les vomissements.
- Autres signes: Taux de complications obstétriques plus élevé.
Un diagnostic précoce est important dans le traitement des troubles de l'alimentation.
Avec un traitement approprié, de nombreuses personnes peuvent guérir complètement.
Les traitements efficaces consistent en une approche multidisciplinaire, incluant des formes variées d'interventions :
- évaluation médicale complète,
- conseils en nutrition,
- soutien,
- suivi médical,
- psychothérapie (individuelle, de groupe et familiale)
- et dans certains cas une médication.
Voici en détails les traitements utilisés pour soigner les troubles de l’alimentation :
* Psychoéducation :
La psychoéducation permet de fournir de l'information aux patientes sur les troubles de l'alimentation et leurs impacts.
Elles arrivent ainsi à mieux canaliser leur énergie vers des choix rationnels, vers la maîtrise de leur peur de manger car elles sont mieux informées et équipées pour y faire face.
* Thérapie behaviorale:
La thérapie behaviorale, comme son nom l'indique, cherche à modifier un comportement non souhaitable, en l'occurrence une alimentation inadaptée.
Cette thérapie mise sur le changement d'habitudes, de cycles comportementaux.
Par exemple, on introduira graduellement un comportement sain qui était évité, tel que manger un aliment considéré « risqué ».
* Thérapie cognitive:
La thérapie cognitive va aider la personne traitée à réévaluer si les choix qu'elle fait, concernant par exemple le contrôle de son alimentation ou de son poids, est bénéfique pour elle.
Le but est notamment de permettre à la personne de reprendre le contrôle sur son alimentation.
* Techniques axées sur les relations:
Les « techniques axées sur les relations » permettent de mettre l'accent sur les conflits interpersonnels qui constituent une base profonde des troubles alimentaires.
On aide les personnes souffrant de troubles limentaire à composer avec ces problèmes.
* Imagerie corporelle:
La technique de l'imagerie corporelle permet à la personne souffrant de troubles alimentaire de se sensibiliser à son propre corps, de verbaliser ses pensées par rapport à lui.
* Thérapie de groupe:
La thérapie de groupe aidera la patiente à surmonter sa peur de se révéler, en l'aidant à développer ses compétences sociales et à partager ses expériences.
* Thérapie familiale:
La thérapie familiale vise notamment à familiariser et sensibiliser la famille de la patiente (surtout quand celle-ci est jeune) aux troubles de l'alimentation.
On souhaite surtout réduire l'anxiété qui empêche les membres de la famille de venir en aide à la personne qui souffre de troubles alimentaire.
* Médication:
La médication est un complément au traitement et est généralement utilisée de façon sélective et modérée.
Toutefois, certains médicaments se sont avérés efficaces dans l'interruption de purges ou d'orgies alimentaires sévères ou encore pour aider les personnes ayant perdu beaucoup de poids à mieux tolérer la prise de poids lors du traitement.
On l'utilise notamment pour soulager les symptômes concurrents (dépression...), non pour intervenir sur le trouble lui-même.
* Hospitalisation:
Finalement, dans les cas de symptômes sévères, d'une incapacité à contrôler les comportements dangereux ou d'une non-réponse à une thérapie antérieure, on peut considérer l'hospitalisation où sera élaboré un plan de traitement adapté.
PréventionLe but ultime de la prévention est de débarrasser la personne de ses comportements alimentaires de type restrictif.
Il faut
- Valoriser qui vous êtes;
- S'éduquer sur son propre poids;
- Réévaluer nos propres croyances;
- Décourager la restriction calorique;
- Valoriser le plaisir dans les activités et la nourriture;
- Éviter les remarques sur l'apparence et la forme du corps;
- Mettre en garde contre les médias qui propagent des mythes;
- Encourager les enfants à ne pas focaliser sur leur apparence;
- Tenir un journal alimentaire pour s'assurer d'une bonne routine;
- Améliorer les connaissances chez les enseignants et les professionnels de la santé;
- Diviser l'apport calorique quotidien en 3 ou 4 repas et les consomme à des heures régulières.
- Obtenez de l'information et partagez-la
- Exprimez votre inquiétude mais n'essayez pas de contrôler;
- Ne soyez pas surpris si la personne nie son problème;
- Encouragez la personne anorexique ou boulimique à consulter un professionnel.
Insistez, s'il le faut; - Évitez les discussions par rapport à la nourriture;
- Ne blâmez pas la personne;
- Attention aux comparaisons : l'estime personnelle des personnes souffrant de troubles de l'alimentation est parfois fragile;
- Faites preuve d'empathie : évitez les commentaires sur l'apparence et sur les comportements;
- Évitez de menacer ou de faire peur;
- Encouragez la personne à participer à des activités non liées à la nourriture;
- Lorsque la personne est en thérapie, lâchez prise;
- Soyez patient : cette maladie peut être longue et il est inutile d'espérer une guérison instantanée;
- Obtenez de l'aide pour vous : recherchez le soutien de votre famille, de vos amis ou d'un professionnel.