Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (M.I.C.I.)
Invalidantes, chroniques, douloureuses, taboues, les maladies digestives touchent aujourd'hui près d'un français sur cinq.
Peu connues, elles constituent un problème de santé publique majeur, d'autant qu'elles connaissent une progression inexpliquée à ce jour notamment chez les enfants.
Elle touche le plus souvent des jeunes, actifs au sein de la société, sans soucis de santé particulier.
Les maladies digestives sont des maladies dont on ne guérit pas aujourd'hui et qui entrainent deux difficultés :
- celle de vivre avec une maladie chronique qui dure toute la vie,
- et celle de vivre avec une maladie "honteuse et taboue" avec des conséquences sur toutes les dimensions de l'existence de la personne (vie affective et intime, scolarité, aptitude au travail, vie extraprofessionnelle...).
Elles se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif.
En France on estime que plus de 200 000 personnes sont atteintes d'une MICI et 2,5 millions en Europe.
600 000 personnes atteintes en France de maladie coeliaque et 9 000 000 de personnes atteintes du syndrôme de l'intestin irritable (colopathie fonctionnelle).
Ces maladies évoluent par poussées inflammatoires de durée et de fréquence extrêmement variables en fonction des patients, alternant avec des phases de rémission.
Les MICI sont le plus souvent diagnostiquées chez des sujets jeunes âgés de 20 à 30 ans mais peuvent survenir à tout âge ;
15 % des cas concernent des enfants.
ll n’existe pas de traitement curatif des MICI, mais les médicaments actuels permettent la plupart du temps un contrôle durable de la maladie et une qualité de vie satisfaisante en dehors des poussées.
Face à ce syndrome, la médecine reste aujourd'hui sans réponse, tant au niveau du diagnostic, qu'au niveau des traitements.
Des progrès récent dans la connaissance des mécanismes impliqués suscitent d'énormes espoirs thérapeutiques. ->> Cliquez ici pour en savoir plus sur le syndrôme de l'intestin irritable.
Dans la maladie de Crohn, l'inflammation peut être localisée dans tout le tube digestif, de la bouche à l’anus (le plus souvent au niveau de l’intestin).
Elle se caractérise principalement par des crises de douleurs abdominales, des diarrhées, un état de fatigue permanent, une perte de poids, qui peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Dans certains cas, des symptômes non digestifs, qui touchent la peau, les articulations, les yeux... peuvent être associés à la maladie.
Il n'existe à ce jour, aucun traitement curatif et aucun moyen de prévention.
Seule une alimentation adaptée permet de contrôler les symptômes. ->> Cliquez ici pour en savoir plus sur la maladie de Crohn.
Elle provoque une destruction progressive des villosités de l'intestin grêle, qui empêche l'absorption de nutriments : fer calcium, acide folique, etc...
La forme classique de la maladie touche majoritairement les enfants, avec des répercussions parfois graves sur leur développement physique.
Il n'existe à ce jour, en dehors du régime strict et à vie, aucun traitement pour cette maladie. ->> Cliquez ici pour en savoir plus sur la maladie Coeliaque.
Informations générales sur les MICI :
Les symptômes typiquesLors des poussées inflammatoires, les MICI se caractérisent le plus souvent par :
- des douleurs abdominales,
- des diarrhées fréquentes,parfois sanglantes,
- ou encore une atteinte de la région anale (fissure, abcès).
- s’accompagnent souvent de fatigue, d’anorexie et de fièvre,
- parfois il y a des manifestations extra-intestinales (articulaires, cutanées, oculaires, hépatiques).
Ces symptômes font peser sur la maladie un certain tabou.
Chez environ 20% des patients, les crises sont sévères : leur intensité peut imposer l'hospitalisation, l'arrêt de l'alimentation et un traitement par perfusion pendant quelques jours.
En outre, l’évolution de la maladie peut entraîner le rétrécissement du segment intestinal atteint, puis une occlusion ou encore un abcès.
Celui-ci peut conduire à la formation d’une fistule, c'est-à-dire à l’ouverture d’une voie de communication anormale partant de l'intestin vers un autre organe.
Ces complications nécessitent une intervention chirurgicale et une réalimentation adaptée.
Le diagnostic des MICI repose sur plusieurs critères cliniques, biologiques et d’imagerie médicale.
Lorsque des symptômes cliniques évoquent un MICI, un bilan biologique est réalisé.
Il permet de détecter un syndrome inflammatoire, la présence de marqueurs spécifiques des MICI, notamment les anticorps anti-Saccharomyces cerevisiæ (ASCA) et les anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles (ANCA), ou encore d’éventuelles carences nutritionnelles.
Un marqueur d’inflammation (calprotectine) est souvent dosé directement dans les selles.
Cet examen est utile au dépistage de la maladie, mais par la suite il sert aussi à l’évaluation de l’efficacité du traitement mis en place.
Une endoscopie digestive permet de rechercher la présence et la localisation de lésions du tube digestif, ainsi que de réaliser des prélèvements.
Cet examen consiste à introduire une sonde équipée d’une camera dans le système digestif du patient.
Si nécessaire, une entéro-IRM peut venir complèter l’examen pour étudier plus finement l’intestin grêle.
L’utilisation de vidéocapsule, une gélule à avaler munie d’une mini-caméra, permet également d’observer l’intestin grêle et, parfois, de révéler des microlésions invisibles avec les autres techniques d’imagerie.
Ces vidéocapsules sont en cours de développement pour le côlon.
Plusieurs facteurs de risque de MICI sont suspectés, notamment des facteurs génétiques et environnementaux.
L’analyse du génome de patients atteints de MICI a permis l’identification de plus de 150 gènes de prédisposition à ces maladies.
Leur impact sur la survenue d’une MICI est modéré.
Néanmoins, une ou deux mutations sur le gène NOD2/CARD15 multiplieraient par 40 le risque de développer la maladie de Crohn.
Le fait que la prévalence de ces maladies augmente très rapidement dans les pays en voie d’industrialisation laisse suspecter un rôle de l’environnement, et en particulier de la pollution, dans leur survenue.
Des études suggèrent une implication de microparticules ou encore de métaux lourds comme l’aluminium.
L’alimentation pourrait également être en cause.
Toutefois, aucun aliment, groupe d’aliments ou façon de cuisiner n’a pour le moment été associé aux MICI.
Le tabagisme est par contre un facteur de risque avéré de la maladie de Crohn.
Paradoxalement, il protège de la rectocolite hémorragique.
MICI et microbiote intestinal
Le microbiote intestinal semble jouer un rôle important.
Une hypothèse séduisante est avancée : un déséquilibre dans la composition de la flore intestinale apparaîtrait sous l’influence de facteurs génétiques et environnementaux, et jouerait lui-même un rôle dans l’initiation, le maintien ou la sévérité de l’inflammation, engendrant un cercle vicieux.
Chez environ 40% des patients, on retrouve par exemple une nouvelle famille d’Escherichia Coli (AIEC), plus adhérente aux cellules de la paroi intestinale et plus invasives que les souches habituelles.
Le microbiote constitue donc une cible thérapeutique intéressante dans la prise en charge de ces maladies inflammatoires.
A l'heure actuelle, les essais cliniques visant à rétablir l’équilibre de la flore intestinale par transplantation fécale ou à l’aide de probiotiques/prébiotiques n'ont pas été concluants.
Objectifs des traitements des M.I.C.I.
Les objectifs des traitements des MICI sont :
- à court terme (lors des poussée) : mettre fin le plus vite et le plus complètement possible aux symptômes de la maladie (traitement d’attaque),
- à moyen et long termes : maintenir l’absence de symptômes mais aussi d’obtenir la cicatrisation complète des lésions intestinales et toute forme d’inflammation (traitement d’entretien).
Certains traitements immunossuppresseurs parviennent assez souvent à ce résultat.
Enfin, la fréquence et l’importance des diarrhées peuvent entraîner une carence nutritionnelle.
Une supplémentation en fer, acide folique, zinc, magnésium, vitamines... peut être nécessaire, par voie orale ou intraveineuse.
Chez l’enfant, il faut parfois recourir à la nutrition entérale, exclusive ou en complément.
Il est importance d'adapter l'alimentation des patients atteints de MICI tant en préventif, qu'en complémentarité des traitements lors des poussées.