Syndrôme de l'intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est aussi nommé syndrome du côlon irritable.
En France, on utilise également le terme « colopathie fonctionnelle ».
Il s’agit d’un trouble digestif qui se caractérise par des malaises ou des sensations douloureuses au ventre.
Ces malaises sont associés à la modification de la vitesse de passage des aliments dans le côlon, aussi appelé gros intestin.
Des vitesses de passage trop rapides ou, à l’opposé, trop lentes causeront des symptômes différents.
Ainsi, lorsque les phases de contraction et de relâchement des muscles intestinaux sont plus rapides ou plus fortes que la normale, le côlon n’a pas le temps d’absorber l’eau contenue dans les aliments.
Cela provoque de la diarrhée.
Lorsque les contractions sont plus lentes et plus faibles que la normale, le côlon absorbe trop de fluides, ce qui entraîne de la constipation.
Les selles sont alors dures et sèches.
Généralement, on distingue 3 sous-catégories du syndrome en fonction du type de symptômes principaux :
- Syndrome avec douleur et diarrhée
- Syndrome avec douleur et constipation
- Syndrome avec douleur, diarrhée et constipation.
Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble fréquent : il est la cause de 30 % à 50 % des consultations gastroentérologique.
Ce syndrome toucherait environ 10-20 % de la population des pays occidentaux dont une majorité de femmes.
D'une part, peu de patient en parle à leur médecin et d’autre part, il existe 2 grilles de diagnostic différentes (Manning et Rome III), ce qui influence le nombre de personnes considérées comme souffrant du syndrome de l’intestin irritable.
Ce trouble apparaît de façon graduelle chez les adolescents et les jeunes adultes.
la plupart des cas, ce syndrome est chronique.
Cependant, les personnes touchées peuvent connaître des périodes de rémission plus ou moins longues.
Il peut apparaître puis disparaître, ou encore durer toute leur vie.
Seulement une minorité de patients présentent des symptômes très incommodants.
La gravité, le type et le nombre de symptômes varient beaucoup d’une personne à l’autre.
Certains individus peuvent ressentir plusieurs des symptômes suivants :
- douleurs et des crampes au ventre, qui disparaissent souvent avec l’évacuation de gaz ou de selles?
- constipation ou diarrhée, parfois en alternance,
- ballonnements et des flatulences,
- « activité intestinale » bruyante (borborygmes),
- besoin parfois urgent d’aller à la selle,
- sensation d’évacuation incomplète des selles,
- mucus dans les selles.
Ils symptômes surviennent généralement après les repas.
Quand consulter?
Si les malaises sont nouveaux, très incommodants ou inquiétants, il peut être utile de consulter un médecin.
En effet, d’autres problèmes de santé peuvent donner des symptômes identiques.
De même en cas de sang dans les selles, de fièvre, de perte de poids importante ou de diarrhée incontrôlable, surtout si elle survient aussi la nuit.
À la différence des maladies intestinales telles que la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn, le syndrome de l’intestin irritable ne cause pas d’inflammation, n’altère pas la structure de la muqueuse intestinale et n’augmente pas le risque de souffrir d’un cancer colorectal.
Par contre, la douleur, la diarrhée et la constipation qu’il entraîne peuvent devenir très incommodantes.
Le syndrome de l’intestin irritable peut aussi gêner sérieusement les activités professionnelles et sociales de ceux qui en souffrent, appauvrir leur qualité de vie et entraîner de l’anxiété et de la dépression.
Enfin, on a constaté que d’autres troubles ont tendance à être associés à ce syndrome, comme des menstruations douloureuses, la fatigue chronique et la fibromyalgie.
Malgré les recherches les de ce trouble, sont encore inconnues.
Deux hypothèses de base sont proposées : les personnes atteintes ont des contractions anormales (trop forte ou faible) et douloureuses de l’intestin, soit elles ont une hypersensibilités accrues aux mouvements du côlon et du rectum, habituellement imperceptibles.
Les femmes sont plus touchées que les hommes et leurs malaises s’aggravent durant leurs menstruations donc certains chercheurs pensent que les changements hormonaux auraient une resposabilité dans ce syndrôme.
Selon certaines données, jusqu’à 25 % des cas de syndrome de l’intestin irritable surviennent après une infection gastro-intestinale.
L’hypothèse d’un déséquilibre de la flore intestinale, un taux anormal de sérotonine dans le tube digestif, sont aussi explorés.
Cela pourrait expliquer pourquoi de nombreux patients touchés souffrent d’anxiété et de dépression.
Il faut savoir que la sérotonine a un effet important sur l’humeur et sur les mouvements intestinaux.
Il est aussi possible qu’il y ait un lien entre le syndrome de l’intestin irritable et des sévices sexuels ou physiques vécus durant l’enfance.
Le stress augmente généralement les symptômes (particulièrement la douleur).
Les femmes seraient de 2 à 3 fois plus nombreuses à souffrir du syndrome de l’intestin irritable que les hommes.
Le syndrome est plus fréquent chez celles ayant des horaires rotatifs (jours et nuits) que chez celles travaillant uniquement de jour ou de nuit.
Les chercheurs ont émis l'hypothèse que la perturbation des cycles éveil-sommeil pourrait être un facteur de risque.
Des changements alimentaires et une meilleure gestion du stress peuvent diminuer les malaises.
Ce syndrôme touche les interactions entre le cerveau et le système digestif, on propose donc une approche tant sur le plan psychologique que sur le physiologique.
Le fait de modifier son alimentation et de parvenir à abaisser son niveau de stress peut réduire les symptômes dans les cas légers ou modérés.
Lorsque les malaises sont très incommodants, le médecin peut prescrire des médicaments qui réduisent la douleur en agissant sur les mouvements et les contractions de l’intestin.
Avant d’entreprendre un traitement, il est recommandé de noter pendant quelques semaines ce qu’on mange afin de découvrir les aliments éventuels qui déclenchent systématiquement les malaises.
Ensuite, il est conseillé d’éliminer les aliments à problèmes de son menu, ou d’en limiter la consommation.
Les conseils d’une diététicienne peuvent être d’un grand secours afin d'établir une alimentaire bien adapté et équilibré afin d'éviter les carences et lutter efficacement contre le syndrôme.
* Pendant les crises avec diarrhées aigüe :
Lors des épisodes de diarrhée, la flore intestinale et les villosités intestinales peuvent être endommagés et fortement malmenés.
Il leur faudra environ 3 semaines avant de se reconstituer, d'où l'intérêt d'une mise au repos de l'intestin si besoin et d'une réintroduction progressive des aliments irritables tels que les fibres, les aliments acides...
Il est important d'aider ensuite la flore à se reconstituer en consommant davantage de pro-prébiotiques au quotidien.
Enfin, afin d'éviter ou de limiter les récidives, il est nécessaire d'enrichir l'alimentation en fibres afin de faciliter le transit et éviter d'irriter l'intestin.
En cas de crise aigüe, pour soulager la douleur et faire cesser l'irritation de l'intestin, il peut être pertinent de le mettre au repos:
- totalement, avec une alimentation sans résidu de 4 à 5 jours selon l'importance et la durée de la crise
- partiellement, avec une alimentation pauvre en résidu 8 à 10 jours.
Puis, il sera judicieux d'enrichir l'alimentation quotidienne en fibres afin de prévenir les nouvelles crises.
* Cliquez ici pour accéder à la fiche "comment mettre au repos votre intestin avec une alimentation sans résidu"
* Cliquez ici pour accéder à la fiche "comment réintroduire les fibres"
* Pendant les crises avec constipation :
- Augmenter la consommation de fibres solubles, car elles sont douces pour l’intestin : les céréales d’avoine, la farine d’avoine, l’orge et la crème d’orge, par exemple.
Suivez également les conseils de la fiche "comment réintroduire les fibres".
* Pendant les crises, en général :
- Réduire la consommation de fibres insolubles, car elles stimulent les contractions de l’intestin : le blé entier, le son de blé et les petits fruits, par exemple.
Réduire les matières grasses saturés cuites (beurre, crème), car elles stimulent beaucoup les contractions de l’intestin.
- Limiter la consommation des aliments qui peuvent causer des ballonnements et des gaz comme les légumes secs (lentilles, flageolets...), les aliments contenant de l'aspartame et des édulcorants ((par exemple, le sorbitol présent dans les gommes à mâcher sans sucre).
Les réactions varient d’un individu à l’autre.
A jeun surtout, limiter les aliments comme les légumes crus, salades, noix et graines non moulues; et ceux ayant des petite graines comme la framboise, fraise, kiwi, fruit de la passion
Les aliments qui ont le plus tendance à fermenter sont le lait et les produits laitiers (en cas d’intolérance au lactose), ceux qui renferment des édulcorants ou du mannitol (un sucre-alcool) et ceux qui contiennent du fructose (comme les pommes avec leur peau, les figues et les dattes).
Les légumineuses et les crucifères (choux de Bruxelles, brocoli, chou-fleur, etc.) peuvent aussi aggraver les symptômes.
Pour absorber ses excés de gaz et limiter les ballonnements, vous pouvez prendre du charbon végétal, que l'on trouve en parapharmacie et pharmacie.
Le charbon peut être utlisé de manière préventive.
Il est recommandé aux personnes intolérantes au lactose d’éliminer les aliments contenant du lactose ou de prendre des comprimés de lactase (par exemple, Lactaid®), l’enzyme qui dégrade le lactose, afin de ne pas priver l’organisme d’une source importante de calcium.
Il existe des tests qui permettent de savoir si l’on est intolérant au lactose ou non.
Renseignez-vous auprès d’un nutritionniste ou de votre médecin.
- Éviter de consommer des aliments acide comme l’alcool, le chocolat, le café et les boissons caféinées car ils stimulent les contractions de l’intestin.
Remplacer les épices (Poivre, cayenne, chili, cari, curcuma, gingembre, anis, aneth, pavot, paprika, muscade, moutarde, cumin, coriandre, clou de girofle, carvi, cannelle, baie de genièvre, graines de céleri, etc.) par des fines herbes.
Consommer la salade et les légumes crus à la fin des repas et enlever la peau et les pépins des tomatesn poivrons et aubergines.
Boire de l’eau régulièrement au cours de la journée.
Manger à des heures régulières, adaptez les quantités à votre faim, bien mastiquer et ne pas sauter de repas.
Réduction du stress
Le stress est un facteur aggravant du syndrôme de l'intestin irritable.
Les techniques de relaxation ont leur utilité pour cesser de « ruminer », mais pour vraiment combattre le stress, il faut en comprendre l’origine, disent les experts.
Cet apprentissage peut se faire de façon autonome ou avec l'aide d'un professionnel.
La rencontre d’autres personnes souffrant des mêmes troubles que soi peut aussi aider.
Certaines approches peuvent aider à vous relaxer :
- le yoga;
- la massothérapie;
- la méditation.
En outre, faire de l’exercice physique régulièrement (30 minutes ou plus par jour) est une bonne manière d’évacuer le stress et de combattre la constipation.
Médicaments
Il se peut que certaines personnes aient besoin d’une aide supplémentaire pour que leurs symptômes s’atténuent.
Le médecin peut leur suggérer de recourir à des médicaments qui contribuent au soulagement (anti-douleur, anti-spasmodique, laxatif...).